Sanctions de la Cédéao: persistance des tensions Nigeria-Niger
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Les relations entre le Nigéria et son voisin nigérien continuent de se détériorer depuis le coup d’Etat de l’an dernier qui a porté le général Abdourahmane Tchiani au pouvoir.
Le dernier exemple en date de la profondeur de la suspicion entre le Nigéria et le Niger est la décision de la junte militaire de convoquer mercredi dernier un diplomate nigérian à Niamey pour dénoncer ce que le Niger a qualifié d’actes de déstabilisation, ostensiblement en provenance du Nigéria.
Les sanctions persistantes de la Cedeao, l’un des plus grands groupements régionaux du continent, n’ont pas aidé à apaiser les relations tendues et à dissiper la suspicion avec laquelle la junte considère le Nigéria.
Les observateurs disent que les sanctions sont les paratonnerres qui continuent d’exacerber les tensions entre le Niger et le Nigéria, deux pays qui partagent un héritage culturel commun.
Le ministre nigérien des Affaires étrangères a convoqué le chargé d’affaires du Nigéria pour discuter des tensions bilatérales qui se sont intensifiées depuis 2023 malgré les efforts de normalisation des relations.
Le ministre Bakary Yaou Sangaré a rencontré le chargé d’affaires de l’ambassade du Nigéria au Niger, en l’absence de l’ambassadeur nigérian, selon la télévision nationale Télé Sahel.
Cette rencontre s’est déroulée dans un contexte de relations bilatérales tendues, marquées par des soupçons d’actes de sabotage et un sentiment de rancœur que le Conseil national de sauvegarde de la patrie attribue à son voisin du sud.
Le CNSP est arrivé au pouvoir au Niger à la suite d’un coup d’Etat le 26 juillet 2023 et a immédiatement mis le pays en conflit avec la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), présidée par le président nigérian Bola Ahmed Tinubu, qui a menacé d’une intervention militaire de la part de ce bloc si les dirigeants de la junte à Niamey refusaient de céder le pouvoir et de regagner leurs casernes. Un bluff que les dirigeants militaires de Niamey ont repoussé en promettant de défendre l’intégrité territoriale du Niger.
Cette rhétorique belliqueuse des deux côtés a donné le ton à des relations difficiles entre le Niger et la Cédéao dirigée par le Nigéria. Plus d’un an plus tard, la menace d’une intervention militaire s’est dissipée, mais le Niger a fait preuve de défiance en annonçant avec ses voisins, le Mali et le Burkina Faso, également dirigés par des juntes militaires, qu’ils quittaient le bloc qu’ils accusaient d’être instrumentalisé par la France, ancienne puissance coloniale de la région. Ils ont depuis formé l’Alliance des Etats du Sahel, connue sous son acronyme français AES.
Malgré l’atténuation de la rhétorique belliqueuse du Nigéria et des membres de la Cédéao, les relations ne montrent aucun signe d’amélioration avec le Niger, dont le chef de la diplomatie Sangaré a prévenu que son pays résisterait à toute agression.
Il a également souligné l’engagement de la junte du CNSP à promouvoir de bonnes relations avec tous les États, sur la base du principe de non-ingérence dans leurs affaires intérieures.
Le ministre Sangaré a salué les liens historiques et géographiques entre le Niger et le Nigéria, deux pays confrontés à des tensions exacerbées par les sanctions de la Cédéao et une menace toujours plus faible d’intervention militaire fomentée par Abuja.
Malgré ce climat de méfiance, a indiqué M. Sangaré, le Niger a tenté d’amorcer une normalisation des relations, notamment à travers des échanges de délégations de haut niveau, dont la récente visite du chef d’état-major des forces armées nigérianes.
En août dernier, les chefs d’état-major des armées du Niger et du Nigéria se sont rencontrés à Niamey pour renforcer la coopération militaire entre leurs pays. Leurs échanges ont porté sur la lutte contre Boko Haram qui continue de sévir dans les pays du bassin du lac Tchad, le contrôle des armes légères et la sécurité des frontières.
Un mémorandum d’entente sur la coopération sécuritaire a été signé à cette occasion, témoignant de la volonté commune de lutter contre le terrorisme et les trafics transfrontaliers.
Le responsable nigérien a toutefois exprimé au diplomate nigérian son inquiétude face à ce qu’il considère comme un soutien continu du Nigéria à des actes visant à déstabiliser le Niger. Il a fait référence à des informations faisant état d’une implication présumée de l’appareil sécuritaire nigérian dans des attaques contre l’oléoduc Niger-Bénin et d’une collaboration avec d’anciens responsables nigériens en exil accusés d’actes subversifs.
Le Niger accuse le Nigéria d’avoir des liens avec la construction de camps militaires à Gigani et Gidan Kata, près de la frontière.
Tout en condamnant le caractère subversif du soutien à ces bases, le Niger se prémunit contre toute atteinte intempestive à sa souveraineté et à son intégrité territoriale, garantit la sécurité de sa population et coopère avec tous les pays attachés à la paix et au respect mutuel, a déclaré le ministre.