Au Sénégal, le PASTEF et l’idolâtrie du pouvoir
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Fort d’une majorité écrasante à l’Assemblée nationale obtenue lors des législatives anticipées du 17 novembre, le PASTEF (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité), sous la direction d’Ousmane Sonko, s’impose comme le principal acteur de la gouvernance sénégalaise. Cependant, cette victoire s’accompagne de défis majeurs, tant sur le plan des attentes populaires que des dérives potentielles liées à l’exercice du pouvoir.
Malgré cette victoire éclatante, les premiers jours du nouveau parlement témoignent de tensions persistantes. Entre les revendications véhémentes de Guy Marius Sagna pour un strict respect du règlement intérieur et la destitution rapide de Barthélémy Dias de son mandat de député, le paysage politique sénégalais reste marqué par des turbulences. Ces épisodes soulèvent des interrogations sur la capacité du PASTEF à concilier ambitions politiques et gouvernance apaisée.
Le succès du PASTEF repose sur l’immense espoir des Sénégalais, qui lui ont confié les rênes de l’exécutif et du législatif. Mais cette concentration de pouvoir nourrit les craintes de possibles abus. L’histoire récente du Sénégal, marquée par les dérives de régimes précédents, illustre bien le danger d’une idolâtrie du pouvoir. Le défi pour Ousmane Sonko et son équipe sera de résister aux tentations autoritaires et de préserver un équilibre entre pouvoir et responsabilité.
Le PASTEF est attendu au tournant pour démontrer qu’il peut faire mieux que ses prédécesseurs. Les Sénégalais n’attendent pas seulement des réformes symboliques ou des discours, mais des actions concrètes qui améliorent leur quotidien. Toute ressemblance avec les pratiques des régimes précédents, ou même un léger mieux insuffisant, serait perçu comme un échec. Le défi est de transformer les aspirations populaires en réalités tangibles.
Des défis colossaux
Avec le contrôle des deux principales institutions du pays, le PASTEF n’a plus d’excuses. La concrétisation de son programme devient impérative. Les Sénégalais jugeront ce parti non sur ses intentions, mais sur ses réalisations. Réformer les institutions, renforcer la démocratie et répondre aux besoins fondamentaux des citoyens seront les indicateurs d’un éventuel succès.
Malgré les inquiétudes, certaines figures du PASTEF incarnent une promesse de changement. Si Ousmane Sonko et son gouvernement parviennent à maintenir le cap des aspirations populaires, ils pourraient inscrire leur mandat dans l’histoire comme un tournant démocratique et socio-économique majeur. Cependant, tout échec serait ressenti comme une trahison des espoirs nourris par des années de lutte politique.
Comme le dit si bien l’adage : « Le pouvoir ne change pas les hommes ; il révèle leur véritable nature. » Le PASTEF a désormais l’occasion de prouver qu’il est différent des régimes qui l’ont précédé.