Serait-on dans une guerre pour le contrôle du pétrole …

Serait-on dans une guerre pour le contrôle du pétrole …

Economie

La recapitalisation de la Société africaine de raffinage (SAR) souhaitée par l’actionnaire majoritaire (46%) PETROSEN parce que la première société de raffinage africaine mise en place par le premier président de la République du Sénégal en 1961 serait en souffrance de vétusté et de cash pour assurer son fonctionnement devrait non seulement intéresser les Sénégalais, mais encore les emmener à se pencher davantage sur le (nouveau) statut pétrolier de leur pays et sur tout ce qui serait lié de près ou de loin au pétrole et au gaz et particulièrement à la SAR.

DECRYPTAGE – Cette affaire qui fait les choux gras de la presse et qui n’a pas certainement fini de livrer ses secrets, surtout après que des chiffres ont été sortis pour brûler l’actionnaire minoritaire (34%) LOCAFRIQUE et particulièrement Khadim Ba, son directeur général, n’est pas sans laisser croire qu’une suite sera donnée par son camp et ses avocats, pour laver son honneur et restaurer son intégrité, dans une affaire relevant du secteur des affaires et glissant cependant sur le terrain personnel.

Ce glissement sur les hommes et les femmes, au détriment de l’analyse des pratiques et des systèmes, est naturel au Sénégal. Dans le fond, il dévoile, encore plus dans cette affaire, toute la complexité de la relation public-privé dans le cercle des affaires. Il met aussi le projecteur sur des pratiques et tentatives d’étouffements renseignant sur les méthodes.

A la lecture de ce qui s’est vu dans cette affaire, on peut dire que le mieux qu’un opérateur privé pourrait faire, pour son bien et la pérennité de son entreprise, serait de ne jamais s’allier en affaires avec l’Etat du Sénégal. Parce qu’il pourra toujours se retrouver face à des mécanismes et un environnement administratif, qui lui en feront voir de toutes les couleurs, du fait d’une surpuissance sans contrepouvoir.

Mais peut-il en être autrement dans un pays où des fonctionnaires disputent la richesse aux opérateurs privés ?

Dans un tel climat de rupture de confiance, de crainte même, tout investisseur averti prendrait ses distances et ne s’associerait pas en affaires avec l’État. C’est le message qu’envoie en tout cas cette affaire.

Et pour cause, LOCAFRIQUE a fait savoir qu’elle ne soutient pas la recapitalisation. Qu’elle préfère une réévaluation ce d’autant qu’il existe une ligne de crédit de 280 milliards FCFA et des terres pour parer à la situation. Elle affirme dans la foulée qu’elle ne fera rien pour empêcher cette même recapitalisation si l’Etat prend la décision de la réaliser. Que le retour de bâton ne tarde pas ne surprend pas. C’est même de bonne guerre dira-t-on, mais faudrait-il encore qu’il se fasse dans les normes du milieu des affaires qui obéit à une certaine logique et c’est là que le bât blesse. Dans le retour de bâton, sont absentes la logique et la culture du milieu des affaires que n’ont ni les politiques ni les serviteurs de l’administration. Pour la simple raison qu’ils n’en sont pas. Cela s’entend. On ne peut être fonctionnaire et homme d’affaires ni le second ne peut être le premier.

De plus, il y a là, une question d’éthique et de déontologie que les autorités sénégalaises devraient trancher. Conscientes des enjeux de la destination sénégalaise qui devrait être renforcée par une administration judiciaire efficace, huilée et rapide, les autorités sénégalaises devraient se faire l’obligation de promouvoir et faire respecter définitivement un modus operandi afin que les investisseurs nationaux et étrangers ne souffrent d’aucune concurrence et manœuvres déplacées et illégales de fonctionnaires. Sur ce terrain, il y a beaucoup à dire. Des surfacturations aux commissions souvent revendiquées.

Par ailleurs, cette affaire n’est pas pour faire une bonne publicité au Sénégal et particulièrement au chef de l’Etat, dont la direction des moyens généraux de la présidence de la République s’est vue décerner, la semaine dernière, la certification ISO 9001 pour la modernisation du système administratif. Les normes de management de qualité exigées par le Président Macky Sall, que le recrutement anarchique dans la fonction publique a fait sortir de ses gonds, ne peuvent souffrir de pratiques à faire fuir les investisseurs nationaux ou étrangers. Surtout au moment où Macky Sall appelle le secteur privé à investir dans les secteurs de l’agroalimentaire et de l’élevage.

D’un autre côté, le meilleur service qu’on pourrait rendre au Président Sall est d’écarter de lui toute volonté ou projet qu’on lui prêterait pour le contrôle ou la prise de parts dans le pétrole et le gaz, dont les premiers barils et mètres cubes sortiront de terre peu avant ou peu après son départ de la présidence.

L’attention toute particulière des Etats-Unis sur son ancrage démocratique et son respect de la Constitution, celle des organisations du système des Nations-Unies ne doivent souffrir d’aucune équivoque et surtout pas d’une guerre qui serait déjà menée pour le contrôle du pétrole et du gaz à des fins non avouées. A lui trancher.

Charles Fayes

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