Un « cocktail » permet de freiner le VIH

Un « cocktail » permet de freiner le VIH

Santé

La taille du réservoir où se cache le VIH a été considérablement réduite chez des souris « humanisées » par des scientifiques canadiens et américains qui ont eu recours à un « ouvre-boîte moléculaire » et à une combinaison d’anticorps présents dans le sang de personnes infectées pour y arriver. Explications.

Contexte
Le VIH infecte le système immunitaire humain en se fixant, à partir de son enveloppe, à certains récepteurs (appelés CD4 et CCR5) présents sur les cellules. Le contact avec le récepteur CD4 déclenche des changements de la forme de l'enveloppe qui permettent au virus d'infecter la cellule hôte.

En 2015, l’équipe du chercheur Andrés Finzi du Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM) et des collègues américains ont annoncé avoir mis au point un mécanisme qu’ils ont comparé à un "ouvre-boîte moléculaire" capable d’ouvrir la "boîte de conserve" qu’est le VIH. Ces ouvre-boîtes sont de petites molécules synthétiques ressemblant aux protéines CD4. Elles permettent de forcer le virus à s’ouvrir et à exposer des parties vulnérables de son enveloppe.

En 2019, ces scientifiques avaient, grâce à cet ouvre-boîte, réussi à visualiser la "boîte de conserve ouverte" qui laisse voir des parties de l’enveloppe du virus. Ils affirmaient alors que ces régions pouvaient être ciblées par les anticorps qui sont déjà présents chez les individus infectés, dans l’objectif ultime de tuer les cellules infectées.

Cette visualisation a permis de constater que l'enveloppe du VIH comporte des pièces mobiles qui lui permettent d'adopter des formes variées en réponse à différents stimulus, tels que des anticorps ou de petites molécules.

Les présents travaux, une collaboration entre les chercheurs du CRCHUM et des collègues de l’Université de Pennsylvanie et de l’Université Harvard, montrent qu’un cocktail combinant la molécule ouvre-boîte avec deux anticorps naturellement présents dans le plasma des personnes infectées permet non seulement d’exposer une forme vulnérable de l’enveloppe du virus, mais également de la stabiliser.

"Cela laisse le temps aux anticorps, qui ont reconnu le virus, d’appeler la police du système immunitaire, les cellules NK, et de se débarrasser des cellules infectées", explique dans un communiqué le Pr Andrés Finzi, co-auteur principal de l’étude publiée dans la revue Cell Host Microbe(Nouvelle fenêtre) (en anglais).

Cette réussite a permis de retarder de manière importante le retour du virus après l’interruption de la thérapie antirétrovirale chez des rongeurs humanisés.

Des souris humanisées
Ces animaux immunodéficients ne possèdent pas leur propre système immunitaire. Ils sont greffés avec des cellules immunitaires humaines et peuvent être utilisés pour étudier les maladies affectant le système immunitaire humain, comme le cancer, la leucémie ou le VIH. Ce sont des chercheurs américains de l’Université Yale qui ont mis au point un modèle de souris humanisée spécifique doté de cellules tueuses naturelles (NK) actives, un type de cellule immunitaire, pour étudier leur rôle dans l’infection par le VIH.

"Sur notre modèle de souris humanisée […] utilisé pour l’étude du VIH, nous montrons que le cocktail permet non seulement de limiter la réplication du virus, mais aussi de diminuer les réservoirs de VIH en détruisant les cellules infectées", explique la Pre Priti Kumar de l’Université Yale et auteure principale des présents travaux.

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