Exclusif-Manuel Valls : "J’ai failli crever"

Exclusif-Manuel Valls : "J’ai failli crever"

People

Un retour aux sources après son exil barcelonais. Depuis son départ de Matignon, Manuel Valls a volé d’échecs politiques en revers intimes. Guère porté sur l’introspection, l’ancien Premier ministre se livre aujourd’hui sans détour sur cette chute aussi vertigineuse que le fut son ascension. Extraits de notre enquête à retrouver dès jeudi dans Paris Match. 

Manuel Valls déclare sa flamme à la France et revendique le droit de changer d’avis dans un ouvrage intitulé «Pas une goutte de sang français», en hommage à Romain Gary («Je n’ai pas une goutte de sang français mais la France coule dans mes veines »). Il apparaît en cet après-midi de mars au bout d’un couloir sombre de son éditeur, Grasset, à Saint-Germain-des-Prés. Un «bonjour » qui claque, toujours guttural, deux poings en forme de salut.

(…)

«Il ne s’agit pas de convaincre que j’ai changé», et puis: «J’ai vieilli, j’ai appris. J’ai l’expérience du pouvoir, du succès, de la chute.» Valls le communicant (son premier job à Matignon sous Jospin) cherche évidemment à redresser son image, qu’il sait abîmée. Il a écrit comme il est, avec un mélange de calcul et d’étonnante sincérité. «J’ai failli crever», avoue-t-il. Il l’a senti, le corps en vrac, mal de dos, peur soudaine des regards dans la rue. Au printemps 2017, les amis le voyaient fondre, il prétextait une intolérance au gluten et s’infligeait une diète déprimante. Toute son existence, trente-sept ans à batailler dans l’appareil socialiste, s’écroulait avec sa défaite aux primaires de la gauche contre Benoît Hamon.

(…)

«Sans doute ai-je été – quoi qu’on en dise – trop loyal avec Hollande?» (...) «J’aurais dû démissionner, mais je ne me voyais pas quitter le navire en pleine menace terroriste.» Pause: «Peut-être en ai-je aussi trop fait à certains moments ? J’aurais dû apprendre à manier le silence.»

(…)

Susana confie : "J'ai compris que cet homme était à terre"

Susana Gallardo a perçu la tristesse en accueillant l’ancien Premier ministre français, serré dans son costume de lin. « Il n’était pas vraiment dans la conversation, se rappelle-t-elle. Il était un peu méca- nique, corseté ; il mangeait peu, ne buvait rien. Je me suis d’abord dit que c’est comme ça: en France, les politiques se prennent très au sérieux ! Et puis j’ai compris que cet homme était à terre. »

(…)

Susana le soutient « à 100 % », dit-elle. Paris l’enchante et elle compte bien s’y déployer; Alain Minc a déjà convaincu Xavier Niel, nouveau manitou du géant immobilier Unibail, de la recruter au conseil de surveillance. Elle a acheté un grand appartement à Saint-Germain-des-Prés. Valls s’y plaît; il a son bureau, court chaque matin le long de la Seine. (…) «A ce stade, pas de plan, jure- t-il. Simplement peser dans le débat. Etre utile. » Qui sait, la France aura peut-être besoin de lui un jour ? Il caresse sa cravate en tricot : « La politique est une affaire de pros, et je ne sais rien faire d’autre. »

 

menu
menu